Mercredi 2 mai
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LE FAUNE ET LA FLORE
Cette petite fée au goût nature, minuscule divinité perdue, avait ses grands yeux ouverts et
scrutait le néant.
Le papillon de nuit s’ennuyait de sa propre liberté qu’il chérissait tant.
Elle attendait son Dieu Satyre, car au creux de son âme de nymphe elle sentait les flammes qui réchauffaient son
entrejambe.
Il apparut sans crier gare, tel un diable sorti de sa boîte. Grâce à son sixième sens vicieux il perçu à l’instant à travers
cette venus de porcelaine la petite pyroline* qui s’y cachait.
S’ennuyait-il aussi dans son petit enfer pour ainsi venir se promener dans cette forêt au
parfum de vanille ?
Dans la légèreté du désir ils se complétaient tant. Il la chérissait au moyen de ses petits supplices, elle lui offrait en retour son dévouement candide.
Le joueur de flûte faisait de cette harmonie insolite un chef d’œuvre.
Muse aux milles visage, elle était tout aussi bien Polymnie, Euterpe ou bien Thalie…Les neuf cordes de la lyre qui charmèrent
d’emblée ce Cerbère.
Il prenait toujours garde à ne pas brûler ces petites ailes fragiles, rien ne lui plaisait plus que le spectacle de cette
libellule virevoltante .
Il lui suffisait de faire jaillir d’un claquement de doigt l’étincelle qui la tirait d’un sursaut de son
indolence.
Lui en bon démon était perpétuellement animé par une légion d’idées folles. Elle, semblait vivre à un rythme
lunaire.
Même sa vulve paraissait s’ouvrir comme une orchidée ,exposant ses pétales rosées en
offrande à son Seigneur et Maître et avait pour étrange habitude de se vêtir d’un simple myosotis, gage de sa maigre pudeur, sur lequel il avait d’une simple magie gravé son
nom.
Les autres créatures alentour restaient perplexes quant à la nature de leur rapport.
« Une nymphe et un Satyre !Quel scandale, quelle honte d’ainsi laisser ce vilain promener ses griffes sur un corps
si divin, l’avilir de ses paroles grossières ! »
« Un Satyre et une nymphe !Quelle honte, quel scandale, laisser cette connasse embrasser un corps si malin,
l’attendrir de ses douces paroles ! »
On ne parlait plus que de ça. Personne ne s’étonnait guère de voir naître de magnifiques plantes carnivores, attrape-mouche
de venus, ou encore de nombreux feux follets effrayants mais à la fois inoffensifs.
Quand bien même ils s’en moquaient !Leurs esprits espiègles avaient trouvé un jeu qui comblait leur
langueur.
Quelle merveille de la promener telle un petit animal capturé devant toute sorte de mâles en rut, tous prêts à décharger leur
foutre malicieux sur ce visage innocent.
Même les plus cruelles Succubes ne pouvaient prétendre à tel familier. Elles, récupératrices d’âmes suppliciées, étaient médusée par cette apparente ingénuité.
Mais tous pouvaient sentir l’incandescence de cette angélique.
Elle subissait ses maléfices avec délice, sa peau laiteuse rougissant sous les coups de
disciplines, serrée d’une étreinte de liane.
Sa cyprine devait prendre source dans les eaux du Léthé tant il oubliait tout, pour peu qu’il s’attarda à se délecter de
cette ambroisie.
Et telle une récompense il lui donnait sa queue à contenter, qu’elle se faisait une joie de dévoré, et de boire ce nectar
jusqu’à la lie.
Il appréciait incendier de son essence brûlante les ardeurs de son obligée.
Il était l’Achéron et elle était Orphné.
Cette union improbable coulait pourtant de source à la manière de la symbiose universelle entre le Faune et la
flore.
*Pyroline est un mot inventé dans ce sens par mes soins, c’est aussi le nom d’une caméra infra rouge inutile de
chercher dans Google ! j’imagine la pyroline en petite divinité du feu en contradiction à la nymphe ou l’ondine . Un équivalant a la salamandre(esprit du feu pour les cabalistes) en
quelque sorte.